Un demi millénaire de culte à Sainte Marie-Madeleine


    Le culte de sainte Marie-Madeleine dans notre région est très ancien. L'abbé Poulbrière, dans son dictionnaire des paroisses du diocèse de Tulle, mentionne qu'en 1611, il y avait une chapelle « dans un lieu presque inaccessible », Les Plainettes, au bord de la Dordogne, sur la rive droite, où on honorait sainte Madeleine. Cet endroit était aussi appelé Bonlieu. En 1688, cette chapelle fut transférée à Naugenac, petit port sur la Dordogne,  appelé aussi Lamirande-Basse, où elle servait aussi pour le culte. Elle a fait l'objet de réparations en 1696 et 1742.

Sur la cloche, on peut lire: « Sancta Maria Magdalena - Ora pro nabis - 1703 ». Pendant la Révolution, la chapelle est abandonnée par l’abbé Bernard Veilhan, qui refuse le serment et sert à une fabrique de bateaux. L'abbé Veilhan reprend son poste après la tourmente et y meurt en 1836.

 

    En 1945 se construit le barrage de l'Aigle et le village de Naugenac est englouti, la chapelle aussi. Sous l'instigation de l'abbé Bourzeix, avec l'appui de la famille Sialve et la participation des habitants, la chapelle est reconstruite à Lamirande-Haute, lieu de pèlerinage de nos jours. La statue a été déposée en 1943 chez M. Sialve où elle est restée jusqu'en août 1995, début des travaux de restauration. Depuis avril 1996, elle est exposée à l'église de Soursac. La statue est transportée à Lamirande tous les ans pour le 22 juillet. Elle était revêtue de sept robes superposées sur lesquelles les pèlerins accrochaient des rubans multicolores qui restaient pendant la cérémonie. A la fin, chacun en emportait un morceau, gage de protection de la sainte et souvenir du pèlerinage. Depuis sa restauration et pour mieux en apprécier sa beauté, les rubans sont posés sur une table aux pieds de la statue, à la demande de M. Vidal, alors maire de la commune. Le travail de restauration a été confié à Barbara Kowarski, diplômée de l'école des Beaux-arts de Cracovie, spécialisée dans la restauration, avec études de chimie qui accompagnent ce métier. Elle a vingt ans d'expérience, et c'est elle qui a restauré les statues de l'église de Lafage.


    Barbara Kowarski a procédé à un travail minutieux à la fois artistique et scientifique de restauration. Elle n'a pas cherché à rénover, mais à retrouver l'aspect d'origine de la statue qui disparaissait sous plusieurs couches de peinture accumulées au cours des siècles. Barbara Kowarski a trouvé une statue en bois de noyer polychrome de 96 cm, datant du XVIe siècle. Elle devait être conçue pour les processions, car visible de tous les côtés. Le visage est sévère. Ses yeux sont grands et obliques, donnant une impression de recueillement. Sur la joue droite, une tache sombre correspondant à la présence d'un nœud dans le bois. Les cheveux sont très longs et défaits partagés en deux bandeaux en milieu du front. Elle est vêtue d'une longue robe rouge plissée qui descend jusqu'aux pieds. Le décolleté est carré et bordé d'une rangée de perles. Elle porte une ceinture autour des hanches. Un pan de cette ceinture part d'une agrafe le long du côté droit de la robe jusqu'à mi-hauteur. On devine que sous ses cheveux est posé, sur les épaules, un manteau de couleur verte dont un pan est visible sur le devant gauche de la robe. Ce pan rejoint, en pointe drapée, l'agrafe de la ceinture. Le manteau est retenu sur la poitrine par un lien dentelé fixé par deux cœurs. Les bras de la statue ont disparu.


    Sainte Marie-Madeleine était très vénérée par les gabariers. L'abbé Serres historien, raconte que vers la fin du XVIIIe siècle un habitant du Cantal se rend un jour à Soursac. Il monte en bateau, mais les pluies avaient fait grossir les eaux de la rivière et le bateau menace de couler. Le voyageur prie sainte Marie-Madeleine et le bateau se trouve soudain sur l'autre rive. En témoignage de sa reconnaissance, il offre à sa libératrice une petite barque en argent sur laquelle est représenté un homme penché sur les abîmes. Cet ex-voto a disparu pendant la Révolution.


    L'abbé Vinatier, ancien curé de Saint Merd de Lapleau a composé le cantique à sainte Marie-Madeleine qui est désormais chanté tous les ans par les pèlerins sur l'air du « Reveilla vo Pastourel ». Ce cantique raconte en treize couplets l'origine du culte à sainte Madeleine en pays corrézien.




Sainte Madeleine et son sanctuaire de Nauzenac


Dans le rayonnement de Saint projet


    Il semble que Marie-Madeleine se plaise à être honorée dans les lieux sauvages et inaccessibles. En Provence, La Sainte-Baume est une solitude grandiose. Qui ne connaît les gorges de la Dordogne, où elle a voulu aussi qu’on la prie, ne peut se faire une idée de ces immensités rocheuses ou boisées, encadrant le lit de la grande rivière de notre Limousin.


    Le culte de sainte Marie-Madeleine dans notre région est très ancien. L’abbé Poulbrière, dans son dictionnaire des paroisses du diocèse de Tulle, mentionne qu’en 1611, il y avait une chapelle « dans un lieu presque inaccessible », Les Plainettes, au bord de la Dordogne, sur la rive droite, où on honorait sainte Marie-Madeleine. Cet endroit était aussi appelé Bonlieu. En 1688, cette chapelle fut transférée à Naugenac, petit port sur la Dordogne, appelé aussi Lamirande-Basse, où elle servait aussi pour le culte. Elle a fait l’objet de réparations en 1696 et 1742.


    Il manquait pourtant à la chapelle une cloche, ou peut-être en avait-elle une insuffisante. En 1703, une cloche fut fondue. Elle est petite et simple, mais très belle, « ceinte d’une couronne de lis mêmes d’hermine ». Elle porte :

« 1703 SANCTA MARIA MAGDALENA ORA PRO NOBIS »

(1703, Saint Marie-Madeleine, priez pour nous !)


    Cette cloche, après avoir chanté longtemps dans le clocher à jour de la chapelle de Nauzenac, fut obligée de se cacher. En 1792, un habitant de Lamirande-Basse l’enfouit dans un champ, puis dans un autre lieu. Rendue au curé de Soursac, elle resta dans le clocher de l’église pendant plus de trente ans avant de revenir prendre sa place dans la chapelle.


« Chante, tinte, bel ange, à la voix douce et pure,

Gazouille en ton vieux nid ;

Chante, pour égayer de ton pieux murmure,

Ce lieu trois fois béni »

(poésie de Patrice La Roche)


La chapelle neuve de Lamirande


    Le rocher de l’Aigle – Entre Nauzenac et Spontour, la Dordogne, qui poursuit sa marche à travers les défilés, rencontre un énorme et pittoresque rocher : « le Rocher de l’Aigle ». C’est cet endroit qui fut choisi pour installer un des plus hardis barrages du Massif Central, le barrage bien connu, qui prit le nom du rocher de l’Aigle.


    Ce barrage, une fois terminé, noyait le gracieux village de Sainte-Madeleine : Nauzenac, ainsi que, plus haut, Saint-Projet. La désolation des habitants fut grande : celle des fidèles de sainte Madeleine se comprend aisément. Il fallait partir. Il fallait abandonner la jolie chapelle de Nauzenac.


    Lamirande accueille sainte Madeleine. – Le curé de  Soursac, qui, depuis si longtemps déjà avait la joie de présider et d’organiser les fêtes de Nauzenac était l’ancien curé de Beyssenac : l’abbé Bourzeix. Bien vite, il réalisa la situation  et, avec son énergie coutumière, se mit à l’œuvre. Le village de Lamirande-Haute, qui de tous temps, avait été comme au «  chevalier de sainte Madeleine », revendiqua aussitôt l’honneur de recueillir le précieux héritage de Lamirande-Basse, devenu Nauzenac. On enleva, de la chapelle du Bon Père tout ce qui avait de la valeur, y compris les pierres de taille : on transporta surtout la vénérable statue, un peu défigurée par les ans, mais si précieuse par les souvenirs qu’elle rappelait et par les grâces attachées à son nom.


©  Pèlerinage de Lamirande (Soursac - 19550)              Fait par Soursac Informatique